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Texte écrit et paru dans la revue France Arménie du mois de Décembre 2012 à l’occasion de l’exposition Au bord du Silence à la galerie Chantier(s) Art House, Bruxelles - Belgique

Tout, dans le parcours d’Azad, se retrouve intégré à son oeuvre : visages observés, lieux habités, désertés ou en chantier, objets usuels… Tout devient support ou élément du tableau.   « Je dessine, je peins, je coupe, j’assemble dit Azad, et ce qui est accidentel devient comme essentiel. »

En effet, les aspérités du réel ne sont jamais gommées. Et de tous ces éléments disparates et assemblés surgit une beauté soudaine sans que failles et fissures disparaissent de cet univers défait. « C’est comme une collision », précise-t-il.

Dans cette galerie de Bruxelles dont les murs sont hauts et baignés de lumières, les pièces réunies prennent tout leur sens : la tension entre l’univers extérieur, morcelé, saturé d’objets et la figure humaine est vive, et cet environnement omniprésent pèse sur elle, la reléguant dans une solitude tragique, jusqu’à lui dénier son humanité, la transformer en fantôme.

J’ai aimé, pour ma part, cette grande peinture sur bois comme trouée d’un visage livide et avec ce personnage en chute dans l’espace d’une page blanche : à chaque fois, l’harmonie naît de ce trait discret, tremblant mais insistant et traquant les traces, les résidus d’une humanité. Une humanité qui réside peut être là, dans une existence au sein du désordre.

J’ai aimé aussi ces longues figures assises sur des chaises invisibles, dessinées au crayon, des fumeurs sur le point de disparaître. Et cette silhouette dressée dans toute sa verticalité mais qui se confond presque avec l’environnement saturé et tenant dans ses mains un livre.

Chaque trait, chaque surface, chaque support est livre, labyrinthe et tableau où l’on s’abîme dans la tristesse mais d’ou l’on renaît, vivant. Les couleurs vives et les lignes fines se mêlent, comme les textures et les objets, au milieu de ce chaos pictural, créant un univers âpre et poignant.

Arianne Galoustian